UNA GRANDE AMICIZIA FRANCO-ITALIANA

Dall’incontro a diciott’anni per imparare l’una la lingua dell’altra è nato un legame destinato a rafforzarsi nel tempo e a rinnovarsi tra le figlie primogenite, anch’esse coetanee

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Ricordo di Costanza inviato da Evelyne Desvergne, sua amica di Bordeaux, partner in scambi di ospitalità incominciati negli anni ’60 e poi rinnovati con la nuova generazione – Gli altri scritti e documenti relativi alla vita di Costanza Ichino Rossi sono facilmente reperibili attraverso la  pagina web a lei dedicata
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Ma rencontre avec Costanza remonte à l’été 1968.

Evelyne e Costanza a diciott’anni

J’étais élève en 1ère dans l’établissement du Sacré-Cœur à Bordeaux et j’apprenais l’Italien depuis 3 ou 4 ans. Cette langue m’enchantait, je l’avais découverte grâce à une pièce de Goldoni jouée par une troupe de théâtre amateur. Etant l’unique élève de cette discipline, je bénéficiais d’un cours particulier prodigué par une religieuse. J’ai alors appris cette langue à travers les classiques de la littérature italienne et tout particulièrement la Divine Comédie de Dante. C’était très enrichissant mais ne facilitait pas forcément la pratique d’une conversation courante.

Malgré les évènements de Mai 68, un échange franco-italien entre correspondantes a pu être organisé et c’est ainsi que j’ai été accueillie, dès juillet, par Costanza et sa famille qui passaient les vacances à Celle Ligure.

Après un voyage en train de 18 heures, Costanza et sa maman Romana m’attendaient à la gare de Gênes. Après avoir visité la ville, nous rejoignîmes les autres membres de la famille, son papa Tito et sa sœur Agnese.

Sa famille m’a fait chaleureusement et affectueusement partager leur vie, Costanza et moi trouvant tout de suite une grande entente et partageant les évènements du quotidien. Un détail étonnant :  nous étions toutes deux nées à un jour d’intervalle, Costanza le 24 août et moi le 23, de la même année !

Pendant tout ce mois, je me suis familiarisée avec la vie italienne, Costanza veillant toujours à me faire partager ses centres d’intérêt et ses amis. Je me souviens qu’étant plutôt timide et peu bavarde, je m’exprimais dans un Italien tout-à-fait moyen alors que Costanza parlait déjà parfaitement le Français !

J’ai ainsi goûté aux joies des bains de mer, aux « gelati » que nous dégustions le soir lors de la « passeggiata » sur le front de mer. Lors de ce séjour, Costanza et son papa me conduisirent également quelques jours à leur domicile de Milan, me permettant ainsi de découvrir la ville et ses joyaux. Je me souviens tout particulièrement avoir été marquée par la Cène de Leonardo Da Vinci à Santa Maria delle Grazie.

A l’occasion de cet échange, il fut convenu que Costanza viendrait chez moi fin août et une partie de septembre pour une durée d’un mois. A son tour, elle découvrait la vie française, faisait connaissance avec ma famille et mes amis, visitait Bordeaux et sa région.  Costanza rencontrait également Jean-Pierre qui allait devenir mon époux. Nous allions à l’Océan, Saint Emilion où Maman nous avait amenées déjeuner à l’Hôtel de Plaisance, le vignoble de Sauternes où mon cousin Christian (étudiant en langue italienne à la Faculté de Bordeaux) nous avait conduites et je me souviens que Costanza avait apprécié (tout-à-fait raisonnablement) la douceur de ce vin couleur d’or !

Costanza ed Evelyne nel 1991

Costanza rentrée en Italie, nous poursuivions nos échanges épistolaires au fil des ans, nos vies se sont déroulées, nous gardions le contact, nous faisant part de nos mariages respectifs, des naissances des enfants puis, plus tard, des petits-enfants, échangeant des photos.

Ceci, jusqu’à l’année 1988, où Jean-Pierre devant se rendre à Bologne pour un congrès, nous profitions de l’occasion pour nous revoir. Sandra et Giulia, nos filles aînées respectives, étant nées à quelques mois d’intervalles, nous souhaitions prolonger le lien qui nous unissait. C’est ainsi que notre fille Sandra passa une semaine à Forte dei Marmi, accueillie « à bras ouverts » par Costanza, Pietro et sa famille et partageant à son tour les bains de mer et les jeux avec Giulia…

L’été 1991, Sandra était partie en avion rejoindre son amie italienne. Giulia était revenue avec elle pour passer quelques jours à Léognan, ses parents et Anna prenant la route pour venir la rechercher et partager quelques jours avec nous.

Par la suite, nous avons continué à prendre des nouvelles mais, pris par la vie et ses soucis, cela devenait plus rare. Le dernier message initié par Costanza remonte à l’élection de notre Président de la République, Emmanuel Macron, et je reconnaissais bien là la préoccupation pour la vie et l’engagement politique que j’avais perçus chez elle dès le début de notre rencontre. Celui envoyé par mes soins concernait l’effondrement du pont de Gênes… et Costanza avait trouvé la force de me répondre, sans évoquer sa maladie.

Da sinistra: Pietro, il fratello di Sandra Matthieu, Anna, Costanza, Sandra, Jean-Pierre, a Bordeaux nel 1991

Ce n’est que la survenue de l’épidémie de Coronavirus qui dévastait l’Italie, quelques temps avant la France, que je décidais d’adresser un message à Costanza. Inquiète de ne pas recevoir de réponse, je prenais l’initiative de contacter Pietro qui hélas m’apprenait l’état de santé de Costanza et, quelques semaines plus tard, la si triste nouvelle de sa disparition… Entre temps, par l’intermédiaire de Pietro, je lui adressais une lettre lui donnant des nouvelles de notre famille.

Je culpabilise de n’avoir pas essayé plus tôt de savoir ce que vivait Costanza. A travers les écrits de Pietro et la lettre de Giulia et Anna parue dans la Repubblica, j’ai pu mesurer combien elle avait été soutenue par leur amour.

Je garde en mémoire son merveilleux sourire et sa si grande gentillesse reconnue par tous. Costanza, si tu m’entends, je veux te dire que j’ai eu beaucoup de chance de te rencontrer. Merci à toi !

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